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Comment Montcalm devint Montcalm

18 juin 2024| Jean-Marie Lebel, historien

Comment Montcalm devint Montcalm

En ce bel après-midi de juin, dans notre quartier Montcalm, des dîneurs prolongent leur repas sur les terrasses de l’avenue Cartier, des joggeurs parcourent les sentiers des plaines d’Abraham tandis que des pique-niqueurs discutent politique dans le parc des Braves.

Des étudiants veulent réussir leurs examens au Collège Saint-Charles-Garnier alors que des élèves s’en donnent à cœur joie dans la cour de l’école Anne-Hébert, des amateurs d’art admirent des œuvres de Lemieux ou de Riopelle au Musée national des beaux-arts du Québec. Et pendant que des cinéphiles se réfugient au Cinéma Cartier, des paroissiens se recueillent dans l’église Saint-Dominique tandis que des religieuses prient dans l’oratoire Saint- Joseph du chemin Sainte-Foy. Ainsi va la vie dans notre quartier Montcalm. Tous ces gens sont fiers de leur quartier et se doutent bien qu’il a une longue histoire. Toutefois, on la leur raconte rarement,et bien peu de gens savent aujourd’hui que le territoire de ce quartier fut longtemps autonome et ne s’est joint à la Ville de Québec qu’en 1913. Oui, l’avenue Cartier était jadis la rue principale d’une ville indépendante qui grandissait au- delà des anciennes frontières de Québec.

Rappelons d’abord que durant des millénaires, le territoire actuel du quartier Montcalm fut le lieu de passage des Premières Nations. De grandes forêts originelles et des prairies naturelles couvraient le territoire. C’est à l’époque du successeur de Champlain, sieur de Montmagny, qui gouverna à Québec de 1636 à 1648, que l’on vit tracer la Grande Allée et le chemin Sainte-Foy, et que l’on concéda des lots à des migrants venus de France.

Le premier habitant fut l’arpenteur Jean Bourdon, qui édifia ses bâtiments de la « Ferme Saint-Jean » à l’angle nord-est du chemin Sainte- Foy et de notre actuelle avenue Belvédère. Jusqu’à la Conquête, ce territoire essentiellement agricole ne constitua jamais une seigneurie. S’inspirant de ce qui se faisait en France autour des villes, le gouverneur Montmagny en avait fait en 1636 la « Banlieue de Québec » (le mot « banlieue » est une très ancienne expression qui remonte au Moyen Âge). Ce fut dans cette Banlieue de Québec que se déroulèrent les grandes batailles où allait se jouer le sort de la Nouvelle-France : le 13 septembre 1759, la Bataille des plaines d’Abraham sur des pâturages appartenant aux Ursulines, et le 28 avril 1760, la Bataille de Sainte-Foy aux abords du moulin à vent de Jean-Baptiste Dumont (site du parc des Braves).

Dans les premières décennies du 19e siècle, de riches marchands anglais se construisirent de belles villas le long de la Grande Allée et du chemin Sainte-Foy. Lorsque l’on érigea des municipalités en 1855, la Banlieue de Québec devint alors la municipalité de la paroisse Notre-Dame-de-Québec- Banlieue. Le territoire s’urbanisa à compter des années 1880 et la Maple Street (l’avenue des Érables) en devenait la première belle rue résidentielle alors que l’avenue Cartier s’affirmait comme la grande artère commerciale au tournant des années 1900. En 1908, la nouvelle ville prit le nom de Ville- Montcalm. Mais ses citoyens, confrontés à de grands problèmes pour l’approvisionnement en eau et l’évacuation des égouts, décidèrent lors d’un référendum en 1913 d’annexer leur ville à Québec (pour : 237; contre : 118). Et c’est ainsi que Ville-Montcalm devint le quartier Montcalm de Québec !

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