LE SECRET DE LA PÉRENNITÉ
L’histoire débute le 19 août 1981 à Place Ste-Foy, alors que Bernard Denault ouvre sa boutique éponyme, étonnamment le même jour que l’inauguration des Galeries de la Capitale. Quatre ans plus tard, le jeune Roger Tremblay, étudiant en administration à l’Université Laval, qui recherche un emploi d’été, répond à une offre de la mercerie et y est embauché comme conseiller. Qui sait quelle aurait pu être sa carrière sans cette annonce ? Rapidement, il ressent la piqûre pour le public et le vêtement, à tel point qu’il se retrouve bientôt à temps plein, reléguant sa formation universitaire au second plan. Il y travaillera jusqu’en 1997 « au sein d’une équipe tricotée serrée », se souvient-il.
Par la suite, il connaîtra pendant trois ans la réalité d’un magasin de vêtements à grande surface, où il s’apprivoisera aussi à la gestion. « Grâce à cet épisode, j’ai compris qu’un service hautement personnalisé me correspondait davantage », raconte M. Tremblay. Cet apprentissage de la gestion lui a toutefois permis, en 2004, de s’associer avec le propriétaire de la boutique Herren Mode, de Place Ste-Foy, dans le but d’acquérir éventuellement le commerce, d’ailleurs cofondé en 1990 par Bernard Denault. « J’ai racheté l’entreprise six ans plus tard, et à l’été 2019, je me suis porté acquéreur de Denault pour fusionner les deux entités sous la nouvelle raison sociale Denault Homme de marque au moment où Bernard prenait sa retraite en tant que propriétaire. Il est resté comme employé avant de quitter définitivement à l’automne 2020. »
DE MERCERIE À BOUTIQUE
Les plus âgés se souviennent des merceries de l’époque, où l’on vendait presque exclusivement des complets ainsi que des vestons et manteaux. Ce modèle de magasin a progressivement évolué vers une plus grande diversification, de sorte que l’appellation « boutique » convient mieux à la variété de vêtements et d’accessoires destinés à la gent masculine.
Chez Denault Homme de marque, la vitrine n’a rien perdu de son rôle à susciter l’intérêt. Les articles de saison sont présentés à l’avant, tandis que les éléments classiques, les vestons, complets et chemises « habillées », se retrouvent à l’arrière. « Même si la cravate n’est plus aussi incontournable qu’avant, notamment au travail, explique le propriétaire, beaucoup d’hommes apprécient encore et toujours l’élégance vestimentaire. »
L’aménagement des lieux fait en sorte, grâce à la présence d’îlots, d’assurer une certaine intimité. « Comme l’achalandage est habituellement bien réparti, ajoute-t-il, nous avons le temps d’offrir toute l’attention voulue. Nous proposons également un service de confection de complets et vestons sur mesure, et notre tailleur procède sur place aux ajustements s’il y a lieu, car les hommes préfèrent généralement tout trouver au même endroit, beaucoup n’étant pas très enclins au magasinage. »
LE PRIVILÈGE DES PETITES SUPERFICIES
Cette attention portée à la clientèle est un privilège réservé aux commerces de superficie modeste. Selon Roger Tremblay, il faut beaucoup d’observation et d’interactions avec les gens pour être en mesure de bien connaître leurs besoins et de les conseiller judicieusement. « Pour ce faire, même en tant qu’entrepreneur, je préfère être présent la plupart du temps sur le plancher, dit-il. Fidèle et loyale, notre équipe comprend six conseillères et conseillers, qui possèdent une vaste expérience en mode vestimentaire masculine. Le magasin ayant 42 ans d’existence, la base de notre clientèle remonte parfois aux débuts de l’entreprise. Ce genre de proximité est presque impossible à atteindre dans les commerces de plus grande taille. Contacter un client pour l’informer qu’on a trouvé une pièce qui pourrait lui plaire, voilà ce que j’appelle un service très personnalisé !
D’autres nous confient des demandes spéciales que nous recherchons chez nos fournisseurs. Bref, nous nous adaptons à eux plutôt que de les amener à se plier à notre inventaire, une philosophie qui est l’un des piliers de notre pérennité, nos collections ayant toujours suivi l’évolution et les besoins de nos habitués. C’est pourquoi nous privilégions une grande diversité d’articles, car si la mode est aux chemises ajustées, par exemple, je sais que ça ne conviendra pas à une partie de la clientèle. Et nous nous mettons depuis les tout débuts un point d’honneur à leur proposer des collections exclusives que nos concurrents n’offrent pas, du moins dans la région de Québec. »
DES FOURNISSEURS TRIÉS SUR LE VOLET
À la boutique de Place Ste-Foy, on a soigneusement sélectionné des maisons parmi les plus réputées en matière de mode vestimentaire, une vingtaine en tout. « Nos collections se distinguent par le fait que la plupart de nos partenaires fournisseurs se spécialisent dans un seul domaine du vêtement, de sorte que leur savoir-faire a atteint un haut degré de sophistication dans la maîtrise de leur art, depuis un siècle dans certains cas, précise M. Tremblay. Entre autres exemples, Milestone ne fabrique que des manteaux, Alberto, Atelier Gardeur et M.E.N.S. exclusivement des pantalons tandis que Casamoda et Eton sont renommées pour leurs chemises. Cette expertise pointue garantit une qualité, des coupes et des styles que recherche l’homme en quête d’élégance, de raffinement et de distinction. Notre site Internet (denault.co) illustre d’ailleurs chacun de ces grands noms en présentant leur parcours et leur vision dans l’univers de la mode. »
ALLEMAGNE, DANEMARK ET SUÈDE À L’HONNEUR
On peut s’étonner d’apprendre que Denault Homme de marque s’approvisionne principalement du côté des pays de l’est et du nord de l’Europe ainsi qu’en Scandinavie, les principales maisons étant situées en Allemagne, au Danemark et en Suède. « Nous les avons choisies non seulement en raison de leur longue expérience, mais aussi de leur constance et de leur fiabilité, mentionne M. Tremblay, car ils offrent une qualité qui ne se dément pas d’une saison à l’autre, faisant ainsi écho à notre mission d’excellence. Dans ce domaine, contrairement aux Italiens, qui donnent davantage dans la créativité, les Allemands brillent par leur perfectionnisme. Et depuis que j’évolue dans ce domaine, j’ai constaté que leurs produits conviennent mieux au gabarit et à la silhouette des Québécois. Nous tenons aussi en inventaire quelques collections italiennes et canadiennes, car plusieurs clients recherchent des confections d’ici. »
SAVOIR S’ADAPTER
Les lourdes contraintes imposées par l’épisode pandémique n’ont pas épargné l’industrie vestimentaire. Pour M. Tremblay, la planète a appuyé sur pause quelques mois après la fusion des deux boutiques. « Si le mot adaptation revient souvent dans mon propos, confie-t-il, ce contexte a été sans précédent à cet égard. À lui seul, le télétravail a porté un dur coup aux ventes de vêtements, les gens ressentant moins le besoin de renouveler leur garde-robe. Plusieurs clients nous ont avoué n’avoir rien acheté… en trois ans ! J’ai vécu d’autres crises par le passé, mais jamais au point de voir une situation échapper autant à notre contrôle et à notre expérience. »
Tandis que le rythme normal reprend peu à peu après le creux de vague des dernières années, l’homme d’affaires demeure confiant en l’avenir. « On ne change pas une formule gagnante, conclut-il. Tant et aussi longtemps que nous resterons à l’écoute de notre clientèle et attentifs à ses besoins en matière d’élégance et de raffinement vestimentaires, celle-ci demeurera fidèle à Denault Homme de marque. Venez nous rencontrer ! Vous aussi direz probablement, comme bien d’autres, que vous trouvez ici ce que vous cherchiez ! »
