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La communauté noire

8 décembre 2011| Johanne Martin

La communauté noire


Sortir de l’ombre pour mieux rayonner




D’Afrique ou d’Haïti, la communauté noire exprime depuis longtemps déjà, dans la capitale, les couleurs des multiples cultures qui la composent. À la fois visible et invisible, elle fait sentir sa présence, cherchant à s’intégrer, à séduire par ses différences, à prendre son avenir en main… et à combattre les préjugés.


Ils ont souvent le statut de réfugiés, mais parfois aussi celui d’immigrants économiques. Ils sont majoritairement originaires des pays d’Afrique tels que le Congo, le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Rwanda et le Burundi, mais proviennent aussi d’Haïti. Autrefois concentrés dans les secteurs de Beauport, de Charlesbourg et de Vanier, les représentants de la communauté noire de la grande région de Québec résident aujourd’hui un peu partout sur le territoire.


Babakar-Pierre Touré, directeur général du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIIT).
Babakar-Pierre Touré, directeur général du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIIT).

Combien sont-ils à Québec ?


« Il n’est pas facile d’effectuer un dénombrement précis de cette population, puisqu’elle est plutôt mobile à l’intérieur comme à l’extérieur de la région, commente d’emblée le directeur général du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIIT), M. Babakar-Pierre Touré, à propos de l’existence de statistiques précises sur la communauté noire dans la capitale. Il y a également tout le phénomène des étudiants, très nombreux, qui viennent fréquenter nos établissements d’enseignement. »


Selon le recensement de la population réalisé en 2006 par Statistique Canada, on établit toutefois à quelque 4 400 le nombre de personnes qui appartiennent à ce groupe hétérogène dans l’agglomération urbaine. Un groupe constitué surtout de réfugiés « qui ont souvent été en exil quelque temps avant d’émigrer à Québec, qui sont plus captifs que les immigrants économiques et qui ont donc tendance à rester », selon M. Touré.


Si, de l’avis du dirigeant du SOIIT, les résidents de la capitale sont ouverts, que les nouveaux arrivants sont bien accueillis et bien accompagnés, la réussite de leur intégration varie en fonction de chaque communauté et de chaque individu. « Il y en aura toujours qui ne voudront rien changer; ce n’est pas aux autres de s’ajuster. Il faut faire soi-même des efforts pour s’accommoder ! » réagit-il.


Présent au marché de Noël, du tout premier Noël tropical organisé par la coopérative Récolte des cultures, Kassi Aka est en voie de démarrer sa propre entreprise de produits de santé naturels à Québec, Reflet Santé. Il est accompagné de sa conjointe, Monique.
Présent au marché de Noël, du tout premier Noël tropical organisé par la coopérative Récolte des cultures, Kassi Aka est en voie de démarrer sa propre entreprise de produits de santé naturels à Québec, Reflet Santé. Il est accompagné de sa conjointe, Monique.

Se prendre en main


Des ajustements nécessaires, qui n’empêchent cependant pas l’expression de la différence. Non seulement existe-t-il une multitude d’associations de ressortissants africains à Québec, mais les gens de même origine se regroupent régulièrement à l’occasion d’activités spéciales, de fêtes, de cours de langue, de repas. Un projet de Carrefour de la diversité, qui prendrait la forme d’une coopérative, est même dans l’air.


Par ailleurs, depuis six ou sept ans, plutôt que de s’approvisionner à Montréal pour répondre à ses besoins alimentaires, la communauté noire a fait naître une dizaine d’épiceries spécialisées, et même un restaurant africain. Des salons de coiffure ont aussi vu le jour, de même que des commerces de mode féminine.


« Récemment, le Fonds d’emprunt Québec a permis à la communauté de se prendre en main en favorisant la création de petites entreprises; il a fourni une aide au démarrage, qui a très bien fonctionné. Toutes sortes de nouveaux commerces sont ainsi apparus dans le paysage de la ville », ajoute Babakar-Pierre Touré.


Au chapitre de l’emploi, les immigrants d’origine africaine ou haïtienne se concentrent principalement dans les secteurs de la recherche, des technologies de l’information, de l’enseignement, du génie et de la santé. La fonction publique continue d’en attirer plusieurs, quoiqu’un nombre sans cesse grandissant d’entre eux tendent à s’orienter vers les professions libérales.


Parmi les groupes ethniques les plus scolarisés, M. Touré dira que les études représentent bien souvent, pour la communauté noire, un refuge pour ne pas affronter la réalité du marché du travail. « Pour plusieurs employeurs, il ne faut pas que les Noirs paraissent ou qu’ils soient directement en contact avec la clientèle. Ils sont des travailleurs de l’ombre et sont encore, dans certains milieux, sous-employés. »


La situation évolue toutefois pour le mieux, selon lui, et la communauté doit se montrer forte pour être en mesure de passer par-dessus les frustrations, les irritants et affronter les préjugés de façon positive. « C’est sur soi-même qu’il faut compter », conclut-il.


Quelques bonnes adresses d’entreprises appartenant à des membres de la communauté noire :



  • Épiafrica (alimentation)

  • 92, rue Saint-Joseph Ouest




  • Restaurant La Calebasse

  • 220, rue Saint-Vallier Ouest

  • Afrik’Art Déco (mobilier)

  • 1199, chemin Sainte-Foy

  • Trouvailles d’Afrique (coiffure)

  • 115, rue Saint-Joseph Est

  • Sokü (mode)

  • 880, rue Père-Marquette, bureau 102

  • J S Mayer (mode)

  • 2616, 1e Avenue





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