Cet exercice de restructuration
économique a favorisé la naissance
d’une pépinière de petites entreprises
dynamiques qui se sont transformées
en géants mondiaux avec des activités
exercées partout sur la planète. Elles sont
diversifiées dans plusieurs domaines,
prêtes à prendre d’assaut des marchés
aussi différents que les cosmétiques, la
fibre optique ou l’alimentation.
Chez Québec International, on considère
que cette réorganisation économique,
conjuguée à l’effondrement du monde
industriel, auraient pu entraîner Québec
vers une dangereuse morosité. Au
contraire, la vision et l’audace de
plusieurs décideurs ont plutôt donné
à Québec une place dominante sur
l’échiquier mondial.
« S’il y a une chose à retenir de
l’effondrement du marché manufacturier
au cours des dernières années, c’est qu’à
Québec, nous avons réussi l’exploit de
maintenir une économie forte malgré
la fermeture d’usines et l’abandon
de certaines activités forestières ou
autres », remarque M. Louis Gagnon,
économiste chez Québec International.
DES ASSISES
Bien évidemment, certaines filières,
comme celle des services financiers,
soutiennent cette vitalité. C’est le cas
de la société Industrielle Alliance, basée
à Québec, mais qui brasse des grosses
affaires ailleurs. Avec un total de
17 500 représentants, l’entreprise
embauche 1 443 employés à son siège
social de Québec, autant dans le reste
du Canada et près de 200 aux États-
Unis, où elle exploite un siège social
à Scottsdale en Arizona. « Sur le plan
géographique, 42 % de nos primes et
dépôts sont répartis au Québec, 27 % en
Ontario et 24 % dans l’Ouest canadien »,
précise M. Pierre Picard, directeur des
communications de la société qui gère
des actifs de 87 milliards $.
Comme autre exemple, la société Exfo,
en tant que fournisseur d’équipements
de réseaux sans fil, fait également
rayonner Québec aux quatre coins
du monde. Avec ses 1 800 employés
travaillant dans 25 pays et desservant
plus de 2 000 clients dans le monde,
son président et fondateur, M. Germain
Lamonde, trouve un malin plaisir à
raconter comment il a lancé sa société,
modestement, à Québec. Exfo opère
aujourd’hui des bureaux à Concord, en
Ontario, à Chelmsford, dans le Maine, à
Oulu, en Finlande, mais également au
Mexique, en France, en Allemagne et au
Royaume-Uni. L’entreprise embauche
aussi des travailleurs à ses installations
de Singapour, en Chine et en Inde.
Dans le même domaine, TeraXion,
fournisseur de composantes et de
modules optiques, vient également de
se doter d’un réseau international de
ventes qui la positionne dans 42 pays.
« Nous voulons travailler auprès de nos
clients pour proposer des solutions qui
répondent aux besoins d’aujourd’hui »,
dit M. Martin Guy, vice-président à la
gestion des produits. Cette entreprise
travaille avec des organisations au
Japon, en Chine, en Israël, au Brésil,
en Corée du Sud et en Allemagne. Elle
compte 500 clients autour du globe.
Gagnante dans la catégorie Exportation
et Développement des marchés
internationaux aux dernières Mercuriades
de la Fédération des Chambres de
commerce, TeraXion ne réalisait que
22 % de son chiffre d'affaires en Asie;
les ventes y sont montées à 42 % l’année
suivante. Fait étonnant : 98 % des ventes
de TeraXion ont été réalisées à l'extérieur
du Canada en 2011.
DE LA RECHERCHE À LA
COMMERCIALISATION
Quant au secteur de la recherche à
Québec, il occupe une position enviable,
dans une industrie concurrentielle
qui dépasse les frontières du pays.
Globalement, on dénombre à Québec
6 000 chercheurs dans plus de
400 centres, instituts ou chaires qui
disposent d’un chiffre d’affaires global
de 800 millions $ par année.
L’Institut national d’optique fait partie de
ces grands joueurs mondiaux avec plus
de 200 chercheurs installés dans le Parc
technologique du Québec métropolitain.
Un budget annuel de près de 50 millions $
et la création de 27 entreprises
technologiques en découlent. Elle a
réalisé, au fil des ans, plus de
4 500 contrats de recherche et de
service pour le compte d’entreprises
étrangères, dont une vingtaine en Asie,
plusieurs aux États-Unis et en Europe.
Non loin de là, la société
biopharmaceutique Aeterna Zentaris,
avec un modèle d’affaires innovateur
créé par Éric et Luc Dupont, apporte
également beaucoup à l’économie.
Y est né un portefeuille de sociétés
dont Atrium Innovations, un leader
mondialement reconnu dans les produits
de santé naturels distribués dans
35 pays. Atrium compte plus de
1 100 employés et exploite sept usines
dans le monde. Elle a cumulé des
revenus de 121 millions $ uniquement au
cours des trois derniers mois. Unipex,
quant à elle, un joueur majeur
dans le domaine des ingrédients
actifs, vend à 2 500 producteurs à
l’intérieur d’un réseau établi dans
54 pays.
Immanence Dermo Correction est
l’une des entreprises privées des
frères Dupont. À partir de son siège
social, sur le boulevard Quatre-
Bourgeois, elle vend des produits
cosmétiques à des pharmaciens et
des dermatologues aussi loin qu’en
Turquie et en Israël. « Nous sommes
présents dans 25 pays avec un
réseau de distribution bien solide.
Nous concevons tous nos produits à
partir de Québec », dit Éric Dupont.
Une volonté similaire se dégage
chez Coveo, fondée par l’homme
d’affaires de Québec Louis Têtu, qui
suit la trace de son prédécesseur
Taleo, vendue 1,9 milliard l’an dernier.
M. Têtu voit encore plus grand avec
cette nouvelle entreprise qui compte
400 clients dans le monde et tire
90 % de ses revenus de l'extérieur
du pays avec ses logiciels d’accès à
l’information.
- Biscuits Leclerc vend ses produits dans plus de 20 pays.
Dans un tout autre domaine,
impossible d’oublier notre fleuron
industriel Leclerc, de Saint-Augustinde-
Desmaures, fierté du secteur
de l’alimentation. Avec trois usines
au Canada et deux aux États-Unis,
Biscuits Leclerc vend ses produits
dans plus de 20 pays.
Bref, si Québec maintient un taux
de chômage autour des 5 % depuis
si longtemps, c’est en raison de
cette fourmilière d’entreprises
qui travaillent trop souvent dans
l’ombre.
EXFO
• Spécialité : fournisseur d’équipements de réseaux sans fil
• Nombre d’employés à Québec : un peu plus de 500
• Ailleurs dans le monde : près de 1 700
TERAXION
• Spécialité : fournisseur de composantes
et de modules optiques
• Chiffre d'affaires : 25 M$ à 50 M$
• Nombre d'employés : 190
• 98 % des ventes à l’extérieur du Canada
ATRIUM INNOVATIONS
• Chiffre d’affaires (au cours des 3 derniers mois) : 121 millions $
• Nombre d’employés : 1 100
• Nombre d’usines dans le monde : 7
• Produits distribués dans : 35 pays