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Plus de capital qui travaille pour vous : LE VRAI AVANTAGE DU REER

30 octobre 2024| Olivier B. Ampleman, Financière Banque Nationale

Plus de capital qui travaille pour vous : LE VRAI AVANTAGE DU REER

CFA, CAIA, M. Fisc., Pl. Fin., TEP, conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille. Il fait partie de l’Équipe Ampleman de la Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine.

Non, vous ne rêvez pas : il s’agit bien d’une chronique qui porte sur le REER… en plein automne ! Il est vrai qu’elles sont plutôt rares une fois le mois de février terminé, mais la méconnaissance de ce régime et la montée des « influenceurs financiers » sur les réseaux sociaux justifient qu’on s’y attarde, même après le 60e jour de l’année.


« ÇA NE SERT À RIEN D’INVESTIR DANS UN REER... »

La majorité des conseillers au Canada ont probablement entendu la phrase : « Ça ne sert à rien d’investir dans un REER parce que je vais devoir payer de l’impôt à la retraite. » Il est vrai que nous avons probablement une part du blâme à prendre, de manière collective. Nous mettons parfois l’accent sur les mauvais éléments, comme le remboursement d’impôt au moment de la cotisation ou la probabilité élevée que les retraits soient faits à un taux d’imposition moindre. J’ai même entendu un conseiller affirmer, plus tôt cette année, que le REER est avantageux en raison de l’inflation (ce qui est faux).

Et maintenant, nous avons les « finfluencers » qui se mettent de la partie. Vous les avez peut-être vus sur les réseaux sociaux tenter de vous dissuader d’y investir – vous ou vos enfants –, habituellement juste avant d’essayer de vous vendre une stratégie douteuse d’investissement en cryptomonnaies ou en immobilier... Alors, essayons de clarifier les faits.

LES RENDEMENTS COMPOSÉS ET LA PUISSANCE DU REPORT D’IMPÔT

À l’égard de ses effets, il faut comprendre que, à taux d’imposition égaux au moment des cotisations et des retraits, le REER est identique au CELI, c’est-à-dire qu’il permet que les rendements de ses investissements soient libres d’impôt. Allons-y d’un exemple pour l’illustrer.

Annie est imposée à un taux marginal de 41,12 % et détient un montant de 10 000 $, disponible pour investir en début d’année. Elle aura toutefois besoin de 4 112 $ pour une dépense à un moment qui coïncidera justement avec celui où elle recevra son remboursement d’impôt (un beau hasard...). Elle a donc le choix d’investir le montant de 10 000 $ dans un REER tout de suite, et d’utiliser le retour d’impôt qui résultera de la cotisation pour payer sa dépense, ou de cotiser seulement 5 888 $ à un CELI. Dans les deux cas, l’effort d’épargne réel sera le même : 5 888 $.

Après 30 ans, avec un rendement des investissements de 5 % à l’abri de l’impôt, le REER vaudra 43 219 $. S’il est décaissé à un taux moyen de 41,12 % (le même qu’au moment de la cotisation), la valeur résiduelle après impôt sera de 25 448 $ : la valeur exacte qu’aurait le CELI de 5 888 $ après le même délai. Si Annie avait choisi d’investir dans un compte non enregistré – c’est-à-dire un compte sans avantage fiscal et dont les revenus sont imposés annuellement –, la valeur après impôt aurait plutôt été de 17 667 $*. Dans cet exemple, il y a donc une valeur ajoutée de 7 780 $ à cotiser au REER.

De plus, si on pousse l’exercice plus loin, on se rend compte qu’il faudrait que le taux d’imposition moyen au retrait du REER soit supérieur à 59,12 % pour que ce dernier soit moins avantageux que le compte non enregistré ; un écart de 18 % avec le taux au moment de la cotisation ! Et si on souhaitait que la valeur ajoutée provienne majoritairement d’un taux d’imposition moindre au retrait ? Il faudrait alors que ce dernier soit inférieur à 23,12 %, ce qui semble très peu probable.

Avec cet exemple, on peut constater l’ampleur des dommages causés par l’imposition annuelle des revenus sur l’effet des rendements composés, et à quel point le report d’impôt – non pas sur la seule cotisation, mais sur l’ensemble de la valeur du REER – est puissant.

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MAXIMISER LA DÉDUCTION D’IMPÔT

Mis à part dans certaines circonstances particulières – notamment dans des cas de familles à faible revenu sans enfant qui auront un jour droit au Supplément de revenu garanti –, contribuer à un REER sera donc plus avantageux sur le long terme que d’investir à travers un compte non enregistré. Pourquoi cette exception ? Parce que si, jusqu’ici, on a considéré uniquement l’impôt à proprement parler, il faut savoir qu’une panoplie de crédits et de prestations sociofiscales sont réduits à mesure que le revenu s'accroît, ce qui a pour effet d’augmenter les taux effectifs marginaux d’imposition (TEMI).

En utilisant la déduction REER, il sera possible de réduire le revenu familial net, et ainsi récupérer certaines de ces sommes, dont voici quelques exemples avec leur effet potentiel sur le TEMI (entre leurs seuils minimaux et maximaux de récupération) :

/ Allocation canadienne pour enfants (3,2 % à 23 %, selon le nombre d’enfants et le niveau de revenus);
/ Allocation famille (4 %);
/ Crédit d’impôt pour la TPS (5 %);
/ Crédit d’impôt pour solidarité (3 % ou 6 %);
/ D’autres mesures qui ne sont pas des prestations directement pour l’investisseur, mais qui sont liées aux revenus : la Subvention canadienne pour l’épargne-études, l’Incitatif québécois à l’épargne-études et le Bon d’études canadien.

Au moment de la cotisation, on tentera donc d’évaluer l’impact d’éventuelles hausses ou baisses de revenus, mais aussi de certains évènements, tels que la naissance d’enfants, afin de maximiser les retombées des déductions. Et comme vous le voyez, l’impact peut parfois être important. Alors, n’hésitez plus à cotiser, et la prochaine fois que quelqu’un vous mentionnera que le REER est inutile, vous aurez des arguments !

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