Et que dire des gens qui le sont dans l’âme, mais qui n’ont pas trouvé leur voie ou qui n’ont pu réaliser, pour de multiples raisons, leur rêve d’autonomie professionnelle ? Bref, la réalité cachée dans les coulisses de l’aspect glamour de l’entrepreneuriat est bien plus complexe et exigeante qu’on l’imagine. J’en sais quelque chose…
D’abord la solitude, mentale autant qu’émotionnelle. L’entrepreneur porte souvent en solitaire le poids des décisions et des responsabilités, souvent tenaillé par le doute, la peur de l’inconnu ainsi que de l’échec, souvent idéalisé comme faisant partie du chemin menant au succès. Or beaucoup d’échecs démoralisent et laissent des cicatrices à bien des égards. Il faut donc cultiver la résilience, mais même celle-ci peut épuiser à la longue, car l’incertitude fait partie du quotidien. L’entrepreneur vit aussi avec la pression constante de tout devoir maîtriser, ce qui peut conduire au surmenage professionnel. Cette quête de réussite comporte donc bien des sacrifices, dont le fait de négliger de prendre soin de soi ainsi que de l’équilibre entre les affaires et la vie personnelle. Cela dit, combien ont cru naïvement qu’une bonne idée était à elle seule garante de succès ? Il en faut bien davantage en matière de qualité d’exécution, de financement et de gestion des risques.
Parcours initiatique ? Sans doute. Celui du combattant, qui se relève chaque fois courageusement malgré l’incertitude sans perdre de vue son objectif, celui qui se remet constamment en question. C’est souvent l’histoire d’une croissance intérieure, car le véritable défi de l’entrepreneur consiste à rester fidèle à lui-même en dépit de tous les écueils qui jalonnent sa route.
Le monde des affaires met aussi en scène des personnes qui se prétendent entrepreneurs, mais qui ne corres- pondent pas au portrait précédemment brossé. Je peux vous avouer que pour quiconque vit l’entrepreneuriat de manière authentique, avec ses hauts comme ses pas- sages à vide, ce comportement peut s’avérer frustrant. Il convient pourtant de tempérer ses réactions et faire preuve de discernement afin de prévenir les conflits inutiles et contre-productifs.
D’abord, éviter de juger hâtivement, car souvent, ces individus sont peut-être en apprentissage, de telle sorte qu’il est préférable d’essayer de comprendre d’où vient leur perception. Ensuite, faire preuve d’ouverture d’esprit, d’empathie et de bienveillance, en les guidant dans la bonne direction, notamment en encourageant la réflexion et les remises en question. Offrir un cadre d’apprentissage, poser des questions ouvertes et partager des expériences, voilà qui permet de les ai- der, sans briser leur élan, à prendre conscience des défis réels. Rappelons-nous qu’il existe des milliers de formes d’entrepreneuriat. De ce fait, la réalité et la vérité de l’un ne sont pas nécessairement celles d’un autre…
En d’autres termes, ne dit-on pas qu’il convient, au-delà des jeux d’ego, de traiter autrui comme nous voudrions qu’il le fasse à notre égard ?