Fraîchement émoulue de l’Université Concordia de Montréal en décembre 2012, alors que les sirènes de l’amour se font entendre, Sarah Massicotte troque la fleur de lys du Québec contre le trèfle irlandais. La jeune diplômée pose son bagage à Dublin, capitale nationale, mais également centre historique, culturel et économique de la république d’Irlande.
Une fleur qui ne demande qu’à éclore
Née à Québec, Sarah a plus précisément résidé dans le quartier Montcalm, au sein de la maison familiale. « J’ai eu la chance d’aller à l’école des Ursulines dans le Vieux-Québec, pour ensuite fréquenter le Collège Jésus-Marie de Sillery, avant d’être admise à l’Université Concordia, à Montréal », raconte-t-elle. Son éducation se parfait aussi au contact des siens : alors qu’elle était très jeune, son père l’emmenait parfois lors de ses déplacements professionnels à Paris et à Madrid. « Si on ne l’accompagnait pas, à son retour, il nous parlait des lieux historiques qu’il avait visités, des gens qu’il avait rencontrés ou des mets et des vins qu’il avait dégustés. » Force est de constater que la jeune femme a été exposée très tôt au goût de voyager et de la découverte.
« Tout l’écosystème social en Irlande est construit sur les relations humaines. »
La passion aventurière de Sarah sera également nourrie lors d’échanges scolaires internationaux. « Au lieu de m’envoyer dans des colonies de vacances, mes parents souhaitaient que je voie du pays et que j’apprenne des langues étrangères ». C’est ainsi qu’à l’âge de 14 et 15 ans, l’adolescente passe deux étés dans des familles espagnole et italienne. Elle ira même à l’école du village avec d’autres jeunes venus s’enrichir de la même expérience. « Cela m’a permis d’acquérir beaucoup d’entregent et d’ouverture d’esprit, de me préparer à vivre loin de la maison, d’apprécier d’autres cultures et de développer ma capacité d’adaptation. » L’enfance, terreau de la vie d’adulte. Suffit d’arroser, d’exposer à la lumière et d’entretenir !
Sarah visite son pays d’adoption. Ici, Baltimore Beacon, à West Cork, au sud de l'Irlande.
C’est sans doute un trèfle à quatre feuilles
À son arrivée à Dublin, en janvier 2013, le pays se relève d’une profonde récession. La ville, que l’on surnomme la « Silicon Valley de l’Europe », reprend de son dynamisme économique et les entreprises ont grandement besoin de main-d’œuvre… multilingue ! Deux mois plus tard, Sarah effectue un premier stage dans une multinationale spécialisée dans l’analyse financière internationale. Comme un cépage, Sarah détermine son terroir et c’est à Dublin qu’elle souhaite continuer à cheminer. Elle persiste donc à envoyer des CV, au rythme d’une trentaine par semaine. Si bien qu’une petite start-up (entreprise en démarrage) finit par l’embaucher dans un rôle de conseillère financière et technologique. « J’ai vite réalisé que je favorisais la dynamique de ces petites entreprises qui débutent, où la jeune hiérarchie est maintenue à très peu de paliers et où l’on vous confie rapidement plus de responsabilités. »
Par ailleurs, au fur et à mesure de ses expériences, Sarah réalise qu’elle préfère travailler au développement de nouveaux outils technologiques et de programmes informatiques nécessaires aux analyses financières, plutôt qu’à l’aspect comptable de la chose. Sa spécialité ainsi confirmée, elle est recrutée, en septembre 2015, par Web Summit, l’une des start-up irlandaises qui connaît actuellement le plus de succès. Son rôle est de créer des outils de communication non traditionnels, utiles à l’organisation de conférences internationales. « Je suis un peu comme une consultante interne. Avec les ingénieurs, nous tentons d’automatiser le plus de tâches possible afin de transformer le monde des conférences, en connectant les gens différemment. »
Bien sûr, le salaire est à l’avenant, car un appartement d’une pièce et demie en Irlande coûte l’équivalent de 2 000 $ par mois. Enfin, on ne peut faire l’impasse sur ce qui secoue actuellement l’Europe (hormis les attentats), conséquence du vote majoritaire en faveur du Brexit. Dublin pourrait être marquée au premier chef. En effet, dès les jours qui ont suivi le référendum du 24 juin dernier, le moteur de recherche de Google a désigné les mots « move in Ireland » comme principale demande d’information par les internautes.
Le centre-ville de Dublin, la nuit tombée.
L’Europe comme jardin
La proximité des grandes capitales européennes offre un vaste et éclectique terrain de jeu à notre Irlando-Québécoise, surtout lorsqu’il s’agit de s’évader de la grisaille dublinoise. Toute planification d’activités à extérieur est hasardeuse, la pluie étant généralement la première à s’inviter. Par conséquent, s’envoler pour Prague, Athènes, Nice, le Portugal et même Londres pour le shopping est vite devenu l’un de ses loisirs favoris. « En outre, j’habite à 2 km de la mer et à 3 km de la montagne. Mes fins de semaine, j’escalade ou je nage. Bon… à la mer, j’avoue qu’il vaut mieux amener la bouteille de whisky pour se garder au chaud. »
Côté thermique, ce qui a agréablement surpris Sarah à son arrivée à Dublin, c’est la chaleur… des gens ! La convivialité, la joie de vivre et l’esprit de camaraderie font des Irlandais des individus franchement sympathiques et attachants. Anecdote : ceux qui ont suivi l’Euro 2016 auront sans doute vu les images à la télé des partisans irlandais qui se sont démarqués par leur bonne humeur, leurs chants et l’aide qu’ils apportaient aux citoyens des villes françaises où ils avaient débarqué par milliers. « Tout l’écosystème social est construit sur les relations humaines. Les gens se reçoivent très peu à la maison, mais pas question de rater la sortie entre collègues au pub le jeudi soir afin d’entretenir la discussion autour d’une pinte de ale blonde, rousse ou brune. » Et cette vie lui plaît, si bien qu’on ne sent pas pour l’instant l’envie d’un retour au bercail, quoique « les sorties sur les terrasses de la Grande Allée me manquent », prend-elle soin de préciser en conclusion.