Ayant toujours entretenu le rêve d’être journaliste international, le Québécois Serge Boire savoure depuis quatre ans l’atteinte de cet objectif, au cœur de l’animée ville de Rio de Janeiro, au Brésil.
« J’ai trouvé ici une certaine communion avec la vie. Les Brésiliens ont une approche qui contraste totalement avec la vie nord-américaine, où tout le monde travaille en fou pour s’acheter des biens, mais dispose de peu de temps pour en profiter », confie Serge Boire à PRESTIGE, qui lui a demandé ce qu’il apprécie, loin de ses racines.
De Napierville à Rio de Janeiro, en passant par l’Ouest canadien et Bangkok
Né à Napierville, le jeune homme de 41 ans a l’habitude de s’exiler. Après des études au Saguenay en journalisme, il quitte le Québec et parcourt les provinces de l’Ouest canadien en tant que journaliste pour Radio-Canada. Il devient bilingue et caresse encore davantage le désir de travailler à l’étranger.
En 2010, alors qu’il séjourne à Bangkok, en Thaïlande, l’armée ordonne l’assaut du siège du Front national uni pour la démocratie et contre la dictature (les chemises rouges). Il a le réflexe de communiquer aux médias cette répression du gouvernement en place. « Je n’avais jamais touché à une caméra; j’ai filmé l’assaut militaire, j’y ai trouvé tout le courage et toute l’énergie nécessaires avec ma veste antiballe et je me suis dit que c’est ce que je voulais faire dans la vie », raconte M. Boire.
Avec une telle dose d’adrénaline, il décide ensuite de se départir de tous ses biens à Montréal et part à Rio, avec deux valises et une caméra, le premier décembre 2010. « Le moment était propice, puisque le Brésil venait de décrocher la Coupe du monde de soccer de 2014 et les Jeux olympiques de 2016. J’avais loué une chambre sur Internet et en ouvrant la porte, il n’y avait absolument rien, même pas un lit ! » se remémore-t-il.
« J’ai trouvé ici une certaine communion avec la vie. Les Brésiliens ont une approche qui contraste totalement avec la vie nord-américaine. »
Déterminé à atteindre son but, et même s’il ne parle alors nullement le portugais, Serge Boire entreprend rapidement le développement de ses affaires. Il travaille donc aujourd’hui comme collaborateur pour La Presse, mais aussi à l’occasion pour la SRC, TVA et plusieurs stations de radio du Québec.
« Je ne suis pas prêt à revenir, car je commence tout juste à être à l’aise avec la langue. Je vis depuis un an en pleine harmonie avec les Brésiliens », signale-t-il. Il projette d’y demeurer encore plusieurs années, notamment pour la couverture des Jeux olympiques de 2016.
Serge Boire habite le centre historique de Rio dans un appartement de quatre pièces et demie qu’il paie l’équivalent d’un logement québécois. Chaque matin, il a pris l’habitude de se procurer les petits pains chauds du boulanger du coin et de visiter le charcutier.
Tournage durant la Coupe du monde de soccer FIFA 2014, devant le stade Maracanã.
Toutefois, si Serge Boire vit une belle histoire d’amour avec le Brésil, il ne peut taire l’agression dont il a été victime en janvier dernier. En traversant le parc de Flamengo, en pleine nuit, il a été attaqué par sept jeunes, dont un sans-abri (David) qu’il a pris l’habitude de nourrir près de chez lui chaque matin.
Heureusement, le journaliste s’en tire sans trop de blessures. Pour lui, cette agression aurait pu survenir n’importe où dans le monde et il n’en tient pas rigueur au peuple brésilien, car l’approche qui le tient loin du capitalisme le réconcilie avec sa vie brésilienne. « Ici, on gagne moins d’argent, les gens sont en retard à leurs rendez-vous, mais ils profitent de la vie », lance-t-il en guise de conclusion.