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250 ans de bureaux de poste dans le Vieux-Québec

30 mai 2013| - Magazine PRESTIGE -

250 ans de bureaux de poste dans le Vieux-Québec

La poste n’a pas toujours existé ! Il n’y avait d’ailleurs pas de service postal régulier en Nouvelle-France et ce n’est qu’en 1763 que la ville de Québec a eu son premier bureau de poste, la même année que Montréal et Trois-Rivières. Un timbre canadien est émis en ce mois de juin 2013 pour en souligner le 250e anniversaire.

UNE INITIATIVE DU GRAND BENJAMIN FRANKLIN

Quatre ans après la Bataille des Plaines d’Abraham, le Traité

de Paris de 1763 fit officiellement du Canada l’une des

colonies britanniques de l’Amérique du Nord, comme l’étaient

encore les colonies au sud qui constitueront, plus tard,

les États-Unis actuels. Les nouvelles autorités coloniales

n’allaient pas tarder à établir un service postal régulier

dans les principales villes du Canada. C’est de Philadelphie

que vint l’ordonnance du maître général adjoint des postes

de l’Amérique du Nord afin d’établir un bureau de poste à

Québec. Et ce maître général adjoint n’était nul autre que

Benjamin Franklin. Ce grand humaniste et savant deviendra,

quelques années plus tard, l’un des héros de l’indépendance

américaine.

C’est le marchand Hugh Finlay qui devint ainsi le premier

maître de poste à Québec le 10 juin 1763. Dans la jeune

trentaine, ce fils d’un tanneur et cordonnier était originaire

de Glasgow en Écosse et venait à peine de débarquer à

Québec. Il pouvait s’exprimer en français. Ses revenus de

maître de poste étant insuffisants pour vivre. Il sera aussi

connu à Québec comme marchand, propriétaire foncier,

administrateur public et homme politique. Il jouera un

rôle important dans l’entourage des gouverneurs généraux

Carleton et Haldimand.

Dès l’automne de 1763, Hugh Finlay ouvrit le premier bureau

de poste de Québec, dans son commerce de la rue Saint-Pierre.

En plus de diriger la poste à Québec, Finlay devint plus tard

l’inspecteur des routes postales sur le continent, puis succéda

même à Benjamin Franklin comme maître général adjoint des

postes en Amérique du Nord. Toutefois, son étoile pâlit à la fin

du siècle et il fut destitué de ses fonctions de maître de poste

à Québec en 1799. Il décéda deux ans plus tard.

DANS L’AUBERGE DU CHIEN D’OR

Le bureau de poste déménagea plusieurs fois. Il occupait

depuis plusieurs années une vieille maison de la rue du Parloir

du Séminaire (sur le site du palais épiscopal actuel) lorsqu’il

fut la proie des flammes une nuit de 1841. Des papiers

qui nous permettraient de mieux connaître les débuts de

l’histoire de la poste à Québec s’envolèrent alors en fumée.

Toutefois, depuis 1846, donc depuis 167 ans, le bureau de

poste est situé à l’angle des rues De Buade et du Fort, et

est intimement associé à l’histoire du Chien d’or. En effet,

le bureau de poste fut installé en cette

année 1846 dans la vieille maison du

Chien d’or, qui avait été construite pour

le chirurgien Timothée Roussel en 1688,

et qui avait été agrandie pour Nicolas

Jacquin dit Philibert dans les années

1730. La maison avait longtemps logé

une auberge et la salle de réunion des

francs-maçons. Ce qui attirait surtout

l’attention sur cette maison, c’était un

intrigant bas-relief en pierre que l’on

pouvait voir en façade au-dessus de la

porte, représentant un chien rongeant

un os, accompagné de l’inscription de ce

quatrain revanchard :

Je suis un chien qui ronge l’os

En le rongeant, je prends mon repos.

Un temps viendra qui n’est pas venu

Que je mordray qui m’aura mordu.

L’existence de cette pierre suscita bien des

hypothèses et des légendes au cours des

siècles. La lumière a été faite récemment

grâce aux recherches de Germaine

Normand, Fernand Grenier et Jean-

François Caron. Cette pierre fut installée

à la fin du 17e siècle par Timothée Roussel,

fort mécontent qu’un membre de la famille

Normand ait tué son chien.

Dominant l’escalier, le bureau de poste dans la grande auberge du Chien d’or.
Dominant l’escalier, le bureau de poste dans la grande auberge du Chien d’or.

UN GRAND BUREAU DE POSTE POUR QUÉBEC

Le bureau de poste occupa une vingtaine

d’années la maison du Chien d’or. Puis

la vieille maison fut démolie, avec des

maisons voisines, pour faire place à

l’actuel édifice du bureau de poste en

1871, une oeuvre de l’architecte Pierre

Gauvreau. Les autorités postales

prirent bien soin de préserver la pierre

du Chien d’or et de l’installer en façade

du nouvel édifice. On peut de nos jours

l’apercevoir au-dessus du péristyle de

l’entrée principale. En 1913, l’édifice fut

considérablement agrandi. On lui ajouta

une impressionnante fausse façade du

côté du fleuve, d’une architecture néobaroque

avec ses colonnes et son dôme.

UN DRAME TERRIFIANT

Ce grand bureau de poste connut ses

heures les plus sombres en 1934. Le

25 octobre de cette année-là, un ancien

facteur, Rosaire Bilodeau, blâmant un

superviseur de lui avoir fait perdre son

emploi, fit irruption dans l’édifice, entra

dans le bureau du maître de poste Jean-

Baptiste Morin, et tira à bout portant

avec son revolver. Il atteignit le maître

de poste en pleine mâchoire. Le chef de

la livraison Octave Fiset fut atteint à

un poumon et à la tête. Atteint au foie,

Moyse Jolicoeur eut la vie sauve car,

immobile sur sa chaise, il « fit le mort ».

Puis les policiers découvrirent qu’avant

de se rendre au bureau de poste, le tireur

avait tué cinq membres de sa famille dans

une maison du chemin de la Canardière.

Cette tragédie hanta longtemps les

usagers du bureau de poste.

Le bureau de poste actuel et son imposant dôme domine la côte de la Montagne.
Le bureau de poste actuel et son imposant dôme domine la côte de la Montagne.

TOUJOURS UN BUREAU DE POSTE

Le grand édifice du bureau de poste

est connu sous le nom d’édifice

Louis S. St-Laurent depuis 1984, en

l’honneur de celui qui fut premier ministre

du Canada, de 1949 à 1958. Ce citoyen de

Québec avait eu ses funérailles tout près,

à la basilique-cathédrale Notre-Dame

de Québec. Le rez-de-chaussée de

l’édifice loge encore de nos jours la

succursale Haute-Ville de Postes Canada

et un populaire comptoir philatélique.

À l’entrée principale de l’édifice, de

nombreux souvenirs à l’effigie du fameux

Chien d’or sont exposés. Et ce dernier

ronge inlassablement son os.

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