En effet, je suis de celles qui, au sens figuré, courent toute la journée. Je cours pour arriver à l’heure au boulot, pour aller chercher les enfants à l’école, pour préparer les repas, pour livrer le magazine à temps à l’imprimerie… Je cours tellement que, parfois, j’ai du mal à insérer une petite heure de jogging dans mon horaire de la journée. Alors pourquoi, dites-moi, pratiquer un sport qui ne peut que me conduire à l’essoufflement ? Ce ne sont pourtant pas les sports intéressants qui manquent, alors pourquoi celui-ci en particulier ?
- Le 28 août 2011, au Marathon des deux rives SSQ.
Au départ, je dois l’admettre, il s’agissait d’une question purement pratique. J’avais envie de me remettre en forme, mais pas d’alourdir mon agenda. De fait, la course à pied ne requiert pas d’horaire fixe, seulement de la discipline, une bonne paire de souliers et beaucoup de volonté. Nous pouvons la pratiquer quand bon nous semble – le matin, le midi ou le soir – et adapter le nombre de séances à notre rythme de vie. Nous pouvons choisir d’y aller doucement ou intensément. Et avec la perspective d’une course officielle, nous avons naturellement envie de nous dépasser, d’aller toujours un peu plus vite, un peu plus loin… Mais une fois l’épreuve terminée, qu’est-ce qui pousse tant de gens à continuer de courir ?
J’ignore ce qu’il en est pour les autres, mais dans mon cas, j’ai pris conscience qu’il n’y a rien de tel qu’un bon jogging pour remettre les idées en place et évacuer le trop-plein de stress… et parfois de frustrations. Qui plus est, la course à pied est peut-être la seule discipline qui ne demande aucune concentration particulière, sinon celle de mettre un pied devant l’autre. Cela laisse donc toute la place au processus de « vidange » et de « revitalisation ». Enfin, il vient toujours un moment – quand on court suffisamment longtemps – où le corps nous dit qu’il en a assez, qu’il est fatigué. Le cerveau se met alors à « focuser » sur cette douleur diffuse et entre dans une phase critique où l’abandon devient une option. Et c’est là, à mon avis, que se trouve le réel intérêt de courir. En effet, si l’on parvient à dépasser ce point de rupture, si l’on persévère au-delà de cette douloureuse sensation, on sait qu’on peut surmonter bien des obstacles. À partir de là, on ne court plus contre soi, mais avec soi et pour soi…
En terminant, je tiens à remercier ma collègue, Chantal Bolduc (à droite sur la photo), qui a non seulement relevé l’épreuve du 10 kilomètres avec moi, mais qui m’a convaincue d’y participer en premier lieu. Grâce à elle, je sais maintenant que je peux franchir la lignée d’arrivée… même sous la menace d’un ouragan !