Recherche

[LES MAIRES DE QUÉBEC] Jean Pelletier : maire de Québec de 1977 à 1989

4 avril 2013| Donald Charette

[LES MAIRES DE QUÉBEC] Jean Pelletier : maire de Québec de 1977 à 1989

De tous les maires de Québec, Jean Pelletier est l’un de ceux qui ont le plus contribué à faire connaître la Ville sur la scène internationale.

C’est lui qui a fait en sorte que Québec

soit reconnue par l’Unesco comme site

du patrimoine mondial. C’est également

lui qui a cofondé, avec Jacques Chirac,

alors maire de Paris, l’Association

internationale des maires francophones

qui regroupe 175 villes. Sous son

administration, Québec a accueilli le pape,

Québec 84, Rendez-Vous 87…

Jean Pelletier est un de ces magistrats

de Québec avec du panache, et sa vie

publique a été marquée de plusieurs

controverses. C’est un personnage au

caractère aussi bien trempé que fut la

mairesse Andrée Boucher ou qu’est

Régis Labeaume.

Né à Chicoutimi en 1935, éduqué à

Québec d’abord, puis au Séminaire de

Trois-Rivières (où il se lie d’amitié avec

un certain Jean Chrétien…), il devient

journaliste à CHRC et Radio-Canada, avant

d’être secrétaire de presse des premiers

ministres Paul Sauvé et Antonio Barrette.

Sa carrière municipale prend son envol

quand il se fait élire conseiller en 1976

sous la bannière du Progrès civique. En

1977, il succède à Gilles Lamontagne et

devient maire le 13 novembre. Comme son

prédécesseur, il remplira trois mandats,

soit jusqu’en 1989.

L’administration Pelletier a laissé sa

marque sur la ville avec la construction

de la bibliothèque Gabrielle-Roy qui

devait, dans les plans de la Ville, lancer la

renaissance du quartier Saint-Roch.

Québec 84 a laissé un goût amer à

bien des citoyens, mais c’est à cette

époque que les gouvernements ont

investi massivement pour refaire les

quais et redonner un accès au fleuve.

On se souviendra de Rendez-Vous 1987,

du 375e anniversaire de Québec, de la

gare intermodale, de la construction de

logements sociaux…

Le projet phare du maire Jean Pelletier,

c’était la Grande Place, un immeuble de

30 étages au coeur de Saint-Roch, qui

a fait couler beaucoup d’encre et est

demeuré dans les cartons. Le Progrès

civique, qui dirigeait sans partage, s’est

heurté à l’époque au Rassemblement

populaire (Raspop), très actif dans les

quartiers centraux.

Personnage entier, Jean Pelletier compose

mal avec cette opposition et ne se laisse

pas marcher sur les pieds. Au cours d’un

épisode devenu célèbre, il a expulsé manu

militari le chef du Raspop, Pierre Mainguy,

qui s’était invité à une conférence de

presse !

LA VIE APRÈS LA MAIRIE

Après la mairie, Jean Pelletier est devenu

le chef de cabinet de son camarade de

collège, Jean Chrétien, et a réussi l’exploit

d’occuper cette fonction pendant près

de huit ans, de 1993 à 2001, pendant les

années troubles du référendum de 1995.

La presse anglophone le baptisera « The

Elegant Executioner ».

Il est blâmé par le juge Gomery dans

le scandale des commandites, mais il

entreprend des procédures en cour pour

rétablir sa réputation.

De 2001 à 2004, il présidera le conseil

d’administration de Via Rail, où il

s’intéressera notamment au tronçon

ferroviaire Québec-Windsor. Il est limogé

après avoir dit de la médaillée olympique,

Myriam Bédard, que « c’est une pauvre

fille qui fait pitié ».

Il confessera par la suite qu’il est sorti

humilié du scandale des commandites,

alors qu’il se faisait insulter dans la rue à

Québec. Ses victoires successives en cour

changeront graduellement la perception

d’une partie de la population.

Il n’hésitera pas, dans une entrevue au

journal Le Soleil, à décrire l’ex-premier

ministre Paul Martin, rival de Jean

Chrétien, comme un « salaud ».

Jean Pelletier : un autre magistrat de

Québec au verbe haut et au franc-parler.

Jean Pelletier est décédé le 10 janvier 2009

d’un cancer du côlon.

La biographie d’un homme qui a

laissé sa marque : Jean Pelletier,

entretiens et témoignages :

« Combattez en face »
, par Gilbert

Lavoie, aux éditions Septentrion.


PHOTOS : Archives de

la Ville de Québec

rêver

Gérer le consentement