Fils d’une mère monoparentale ayant vécu très modestement, l’entrepreneur Serge Beauchemin s’est toujours promis de tout donner pour réussir en affaires afin de ne pas retomber dans la pauvreté ni de la faire subir à ses deux garçons.
S’il est si exigeant et sélectif comme investisseur dans l’émission Dans l’oeil du dragon, n’allez surtout pas croire que c’est pour se forger un rôle à la télévision. « Trop de gens pensent qu’il est facile de se lancer en affaires, qu’il suffit d’une idée. Il est important de leur prouver qu’il faut plus, qu’il faut une bonne stratégie, être en mesure de bien l’exécuter, être capable de vendre, de convaincre, de solliciter, de recruter, de motiver, de compter, etc. », répond M. Beauchemin.
Son enfance difficile est causée par le divorce de ses parents à sa naissance. Il a été séparé, très jeune, de sa soeur et de son frère qui ont été élevés par ses grandsparents en campagne. Lui est demeuré avec sa mère sur la Rive-Sud de Montréal, qui s’était trouvé un emploi d’ouvrière dans une entreprise manufacturière. « Les milieux complexes et modestes créent cette génération de batailleurs qui font que l’on veut s’en sortir pour ne pas répéter la même dynamique », exprime-t-il.
Il a donc la trempe de bien des gens d’affaires qui souhaitent combler un vide, quitte à travailler 24 heures par jour pour « l’avoir ». « Avoir l’argent, la liberté, le luxe qu’on n’a pas pu se payer avant. Les plus belles réussites en affaires sont celles qui sont parties de rien », considère-t-il.
« Les milieux complexes et modestes créent cette génération de batailleurs qui font que l’on veut s’en sortir pour ne pas répéter la même dynamique. »
Son parcours est typique. II réussit très bien à l’école, mais comme bien de futurs entrepreneurs, il est impatient de passer de la théorie à la pratique. Il plonge rapidement dans les technologies comme vendeur dans des boutiques informatiques. À 22 ans, avec 20 $ pour ouvrir le compte de caisse et 20 $ pour l’enregistrer au palais de justice, il lance sa première entreprise, 3-SOFT. Elle atteint un chiffre d’affaires de 75 millions de dollars en 2004. Une suite d’investissements dans d’autres entreprises se succèdent et font de M. Beauchemin un entrepreneur respecté aujourd’hui. Faciles les affaires ? « Pas du tout. Pour être entrepreneur, il faut être en mesure de porter plusieurs chapeaux à la fois : celui de vendeur, de comptable, de financier, d’opérateur, de livreur, de négociateur, de recruteur, de motivateur ! Et il faut être en mesure de prendre des décisions rapidement, d’accepter de se tromper souvent », affirme-t-il.
En 2009, il monte le Kilimandjaro après avoir fait le Défi têtes rasées. Il participe aussi à des demi-marathons et roule Montréal-Québec à quelques reprises. Il ambitionne maintenant de traverser un continent à vélo à 50 ans. Il admet toutefois préférer la photographie comme moyen d’évacuer son trop plein d’énergie.
Faciles les affaires ? « Pas du tout. Pour être entrepreneur, il faut être en mesure de porter plusieurs chapeaux à la fois : celui de vendeur, de comptable, de financier, d’opérateur, de livreur, de négociateur, de recruteur, de motivateur ! Et il faut être en mesure de prendre des décisions rapidement, d’accepter de se tromper souvent. »
Avec sa conjointe, Dage, artiste-peintre, il tente d’inculquer à ses fils de 19 et 21 ans que l’échec n’existe pas, qu’il s’agit d’une simple leçon de vie, d’un revers ou d’un rebond pour mieux se relever. Il sait de quoi il parle, « car en affaires, il n’y a pas de ligne droite, le chemin est parsemé de défis ». En 1993, il se souvient d’avoir été trop ambitieux lors d’un mauvais positionnement qui a entraîné des pertes de 375 000 $ en un an. « Être entrepreneur, c’est aussi savoir quand s’arrêter et être assez patient lorsque vient le temps d’attaquer un marché », fait valoir le dragon qui, grâce à ses expériences de vie, a appris à conjuguer le verbe « avoir » avec « être ».