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Le Fonds monétaire international : hier, aujourd’hui et demain

7 juillet 2011| Nelson Michaud, Ph.D.

Le Fonds monétaire international : hier, aujourd’hui et demain
Les frasques de son ancien directeur général, Dominique Strauss-Kahn, ont mis le Fonds monétaire international (FMI) à l’avant-scène médiatique pour des raisons autres que celles pour lesquelles il avait été fondé. À l’heure où son conseil d’administration vient tout juste de choisir un nouveau chef en la personne de Mme Christine Lagarde - la première femme à être nommée à la tête du FMI depuis la création de l’institution -, l’actualité nous invite implicitement à lever le voile sur cette institution dont le fonctionnement est largement méconnu.


Une institution… un peu canadienne


Lorsqu’en 1944, la Deuxième Guerre mondiale prend un tournant à l’avantage des Alliés, les États-Unis sortent de leur isolationnisme et conviennent, avec la Grande-Bretagne, de planifier la reconstruction de l’Europe. Lors d’une conférence réunissant 44 pays à Bretton Woods, les deux États y délèguent des émissaires, mais les pourparlers achoppent. À la demande du président F. D. Roosevelt, son ami, le premier ministre Mackenzie King, demande à un membre de la délégation canadienne de dénouer l’impasse. Sa mission fut couronnée de succès.


La rencontre allait être marquante pour le Canada, qui allait faire du multilatéralisme, et de son rôle de « courtier honnête », la marque de sa politique étrangère. Le sommet de Bretton Woods allait léguer trois institutions au monde : la Banque mondiale, chargée de fournir un appui financier au développement, le Fonds monétaire international, dont la responsabilité est de veiller à la stabilité du système monétaire international en vue de réduire la vulnérabilité aux crises économiques et de favoriser le commerce international, lui-même régulé par la troisième institution, le GATT, qui sera transformée, en 1995, en l’Organisation mondiale du commerce.


Le FMI aujourd’hui


Le FMI a pour instance suprême un Conseil des gouverneurs, où chacun de ses 187 États membres est représenté et possède une voix proportionnelle à sa quote-part dans l’institution. Il est administré par un conseil composé de 24 administrateurs nommés ou élus par ses membres, et c’est à ce conseil que revient de choisir le directeur général.


Le processus de sélection est présenté comme étant « ouvert et transparent ». Dans les faits, la candidature du titulaire a été promue par un gouverneur ou un administrateur du FMI, et le choix final est le résultat d’un consensus auquel est parvenu le conseil d’administration. La tradition héritée de l’après-guerre veut que le Fonds soit présidé par un Européen (ce qui sera encore le cas pour les cinq prochaines années), alors que la Banque mondiale soit sous la responsabilité d’un Américain. Mais le vent de réformes qui a atteint le FMI aurait pu ouvrir la porte aux candidatures de pays en émergence.


Les défis


Mme Christine Lagarde aura son lot de défis à relever. Sur le plan international, la stabilité économique dans l’après-crise bancaire est loin d’être assurée. Sur le plan interne, des réformes approuvées par le Conseil des gouverneurs en décembre 2010 et appelant à une refonte des statuts de l’organisation seront au cœur d’importants débats qui jalonneront la route menant au conseil d’octobre 2012.
Si nous nous sentons parfois loin des décisions prises par cette organisation, il demeure que plusieurs des économies avec qui le Canada fait affaire sont directement affectées par celles-ci. C’est en ce sens que l’avenir de cette institution, née de l’intérêt canadien d’établir une stabilité économique internationale, nous interpelle encore aujourd’hui.


  • Pour en savoir plus :

  • Le FMI, Gérard-Marie Henry, Levallois-Perret, Studyrama, 2006.



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