À Québec, la famille Lefrançois est bien connue dans le domaine de la construction. Elle illustre à merveille le concept de l’entreprise familiale, car son savoir-faire plonge ses racines jusqu’à quatre générations ! Les frères Alain et Jean Lefrançois, qui dirigent respectivement Epsylon Concept depuis 2008 et sa filiale Epsylon USA, comptent déjà sur la nouvelle vision des enfants d’Alain, Tania et Philippe, qui connaissent déjà tous les rouages de l’entreprise du secteur Beauport et qui sont en voie de réaliser le transfert de la direction. Forts de l’appui de trois actionnaires d’expérience et d’autres piliers d’une relève dynamique, ils ont l’ambition de propulser le fabricant de murs-rideaux vers de nouveaux sommets en Amérique du Nord. Bref, la relève à son meilleur !
Qu’est-ce qu’un mur rideau?
C’est l’enveloppe — non porteuse d’une charge structurelle — d’un édifice constituée de modules et offrant une fenestration maximale. Chez Epsylon, ceux-ci sont préfabriqués et prêts à être installés à la sortie de l’usine, scellant inclus. Ils sont habituellement composés d’aluminium et de verre, et emboîtables, un procédé qui accélère considérablement l’assemblage sur les chantiers. Le Complexe Jules-Dallaire, le Centre Vidéotron et le nouveau siège social de la BNC à Montréal — trois réalisations phares de l’entreprise — en sont de convaincants exemples. Cette technologie, Alain Lefrançois et son équipe en maîtrisent l’art après 40 années passées à la perfectionner. « La conception de murs-rideaux obéit à des exigences très pointues sur le plan technique, assure M. Lefrançois. La conception de façades architecturales d’envergure est un savoir-faire qui ne s’enseigne dans aucune école, et qui s’apprend seulement par la pratique. La taille des édifices que nous recouvrons et l’importance des investissements ne laissent aucune place à l’erreur. Voilà pourquoi nous appliquons les normes les plus élevées qui soient, ce qui nous a valu au fil du temps, en plus de notre respect serré des échéanciers, une excellente réputation. » Les modules sont fabriqués dans la vaste usine de la rue Nordique, d’une superficie de 90 000 pi2, où s’affaire une équipe très expérimentée, dont certains travailleurs de la première heure, il y a 40 ans !
Alain Lefrançois, président-directeur général d’Epsylon Concept, en compagnie de ses enfants, Tania et Philippe. ©Marjorie Roy, Optique Photo
De l’arrière-grand-père aux petits-enfants
« Mon grand-père était surintendant, raconte Alain Lefrançois. Tout jeune, mon père aimait le suivre partout, comme je l’ai moi-même fait avec le mien, qui, à 16 ans, savait déjà comment construire une maison ! Je suis très heureux que mes enfants aient finalement choisi d’assurer la relève après avoir mis l’épaule à la roue dès l’adolescence même si, pour eux, rien n’était tracé d’avance. Leur décision ne m’a pas étonné puisque la construction et le sens des affaires font partie de l’ADN de notre famille. Tania s’occupe de stratégie d’entreprise et chapeaute le marketing tandis que Philippe est directeur de projets et responsable de l’amélioration continue. Ils représentent la quatrième génération des Lefrançois et notre avenir, surtout que la relève est déjà bien installée partout dans l’entreprise. »
Projet Heron Water Street à Tampa, en Floride.
Epsylon USA
Si, au Québec, le marché principal d’Epsylon se situe dans le grand Montréal, le potentiel de développement le plus prometteur provient du sud de la frontière, particulièrement en sol floridien, où l’équipe derrière Epsylon accumule les réalisations depuis les années 1990, son siège social et son entrepôt ayant pignon sur rue à Pompano Beach. À la différence du Québec, où les projets concernent davantage les immeubles de bureaux et commerciaux haut de gamme, le marché américain est caractérisé par une majorité de tours résidentielles de condominiums. Dirigée par Jean Lefrançois, Epsylon USA doit se soumettre à des exigences climatiques plus rigoureuses. « Nos modules doivent recevoir le sceau Hurricane Proof, qui comporte des normes très sévères en matière de résistance au vent et aux infiltrations d’eau, détaille-t-il. À titre d’exemple, nos surfaces vitrées sont testées à l’air et à l’eau après avoir été impactées avec un madrier de 2 x 4 po à 60 km/h, une performance que nombre d’ouragans ont permis de valider. Nous offrons une trentaine de produits divers, et les pièces d’aluminium sont fabriquées à Québec puis expédiées ici pour l’assemblage et l’installation, tandis que le verre provient des USA et du Mexique. »
Tour de la Banque Nationale à Montréal
©TARMAC, Damien Ligiardi
Un immense potentiel
En Floride, la notoriété d’Epsylon USA permet à l’entreprise de négocier directement avec les promoteurs immobiliers, ce qui permet de réduire d’autant les délais de construction. « Nos partenaires, qui pilotent des projets d’envergure aux États-Unis, ont visité nos installations à la fine pointe de la technologie, à Québec, ce qui les a beaucoup mis en confiance. Depuis le temps, notre réputation est bien établie, de sorte que les contrats affluent, ce qui pallie le ralentissement que nous observons sur le marché québécois. Toutefois, nous privilégions une croissance réfléchie, à la mesure de notre capacité de production et d’installation, afin de préserver cette fiabilité qui nous caractérise. Présentement, d’importants booms immobiliers sont observés à West Palm Beach et Tampa, ville où nous venons d’ailleurs d’ouvrir un entrepôt. Voilà qui augure bien, et ce, pour la prochaine décennie ! »
Tour Art de Vivre à Montréal
©TARMAC, Damien Ligiardi
L'équipe de la relève
Le type de relève qui se met graduellement en place — le transfert sera effectif dans les prochaines années — s’écarte des sentiers battus, car il déborde largement de la sphère familiale pour englober l’ensemble de l’équipe. Tania et Philippe Lefrançois apportent certes un souffle de renouveau aux destinées d’Epsylon, mais ils peuvent compter sur une équipe très compétente et des piliers prêts à prendre le relais dans les différents services, et dont les rôles respectifs seront essentiels à la progression de l’entreprise. Le nouveau directeur de l’usine de Beauport et futur directeur général, Daniel Labbé, en fait partie. Il a été remplacé au service de dessin technique par Frédéric Lessard. M. Labbé figure d’ailleurs parmi les actionnaires de la compagnie, au même titre que Karl Moreau, responsable du service d’ingénierie, et Danny Tremblay, directeur de l'estimation, dont la relève est personnifiée par Élise St-Hilaire.
L'équipe de direction et la relève d'Epsylon Concept :
Simon Manucci, directeur Montréal; Daniel Labbé, directeur de l'usine
et futur directeur général; Karl Moreau, directeur de l'ingénierie; Tania Lefrançois, directrice stratégie d'entreprise; Alain Lefrançois, président-directeur général; Philippe Lefrançois, directeur projets et amélioration continue; Élise St-Hilaire, estimatrice; Maude Garneau-Larose, coordonnatrice logistique; Frédéric Lessard, directeur du service de dessin technique; et Danny Tremblay, directeur de l'estimation.
Absent sur la photo : Jean Lefrançois, président Epsylon USA.
La relève se dessine également du côté de la métropole, où une équipe est en place sur les chantiers pour assurer leur bonne marche. C’est Simon Manucci qui y supervise toutes les activités. Quant à Maude Garneau-Larose, elle agit en tant que coordonnatrice logistique, véritable interface entre l’acquisition de la matière première, la production et la livraison. « Elle est pressentie pour jouer le rôle de planificatrice d’usine, du début des achats jusqu’à la livraison », explique M. Labbé. Les tâches de tous seront, à terme, facilitées par la mise en place d’un logiciel ERP (Enterprise Resource Planning) de gestion des activités quotidiennes, qui centralise tout au sein d’une même plateforme. « Il s’agit de maximiser le retour d’information sur les données, précise Philippe Lefrançois. L’implantation s’effectue de façon progressive, service par service, dans un travail collaboratif de l’équipe de relève. Ce logiciel permet de garder le savoir dans l’entreprise et de fluidifier le transfert d’information. L’objectif est de faire plus avec moins, ce qui représente un atout de premier ordre dans notre contexte général de rareté de main-d’œuvre. »
CHUM, phase 2
©TARMAC, Damien Ligiardi
Innovation et modélisation 3D
C’est ici qu’intervient l’innovation dans le processus de modélisation 3D. La pièce de résistance de cette refonte globale est la mise en place d’un super logiciel de modélisation 3D conçu par une firme française et déjà utilisé en aéronautique. « Notre équipe de dessin technique est déjà en formation à ce sujet, sous la supervision de Frédéric Lessard, révèle Tania Lefrançois. Unique pour l’instant au Québec dans notre secteur d’activité, cet outil hyper performant solutionnera le problème majeur rencontré avec les logiciels manufacturiers actuels, qui se trouvent vite sursaturés lorsqu’on applique une modélisation détaillée à l’ensemble d’un bâtiment. Mieux encore, il conservera en mémoire tous les projets et générera des solutions. L’intelligence artificielle intégrée, nous en sommes là dans notre cheminement d’entreprise. Risque d’erreurs réduit, et surtout, temps de conception considérablement raccourci. Pour vous donner une idée, nous pourrons passer de plusieurs mois de travail à… quelques semaines ! Je pense que ce sera effectif dans environ un an. C’est très encourageant pour l’avenir ! »
Tour Humaniti à Montréal
©TARMAC, Damien Ligiardi
Le mot de la fin revient au fondateur : « Ce vent de renouveau et cette ouverture aux avancées technologiques, voilà toute la différence entre nous, vieux dinosaures habitués aux bouts de crayon et de papier, et la nouvelle génération. Et c’est tant mieux ! Quand je vois toute la force de la relève déjà bien en place, comment ne pas être rassuré ? C’est donc l’esprit tranquille que je vais leur passer le flambeau le moment venu ! »
Pour en savoir davantage :
Siège social : 1010, avenue Nordique, Québec
Autres succursales : Montréal et Floride
418 661-6262 │ epsylon.ca