Si j’étais le producteur d’une telle émission, j’inviterais des gens de toutes les générations à y participer. Les concurrents appelés à jouer auraient à répondre à une série de questions qui mettraient à l’épreuve leurs connaissances en tant que consommateurs, mais aussi, et surtout, qui les amèneraient à réfléchir sur la valeur réelle qu’ils accordent aux choses.
Je débuterais d’abord par quelques questions fort simples, dont à peu près tout le monde connaît les réponses. Par exemple : combien coûte un café moyen chez Tim Hortons ? J’enchaînerais ensuite avec des questions plus pointues, mais qui ne risquent guère de confondre les concurrents, surtout ceux de la génération des 15-35 ans : Quel est le prix d’un iPhone 3GS ? Que vaut une télévision HD de 54 pouces ? Enfin, je garderais pour la fin les questions plus épineuses : Combien vaut un diplôme universitaire en droit ou en sciences sociales ? Quel est le prix d’une consultation chez un médecin spécialiste ? Combien vaut une opération à cœur ouvert ? Sauriez-vous, pour votre part, apposer le juste prix sur ces services ?
De mon côté, je l’admets, j’aurais bien du mal à mettre un chiffre sur la valeur de ces choses. Pourtant, qu’on le veuille ou non, elles en ont une, au même titre qu’un café ou un téléphone intelligent. Nous sommes probablement tous d’accord sur ce point. Or, mon questionnement est le suivant : comment en sommes-nous arrivés à mettre la main dans notre poche pour payer toutes ces choses matérielles sans rouspéter, alors que nous refusons de le faire quand il est question de notre santé ou de notre éducation ? Pire encore : pourquoi ces services sont-ils perçus comme étant gratuits (ou presque), alors que nous les payons – et très cher d’ailleurs ! – en tant que contribuables ?
Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de remettre en question notre système de santé et d’éducation. Je suis en faveur de l’accessibilité aux soins et à l’instruction pour tous. Néanmoins, je crois que cette « pseudo-gratuité » des services a créé un effet pervers, si bien que nous ne connaissons plus, et j’oserais même dire, nous ne « reconnaissons » plus aujourd’hui la valeur des choses. Et le fait de ne pas reconnaître cette valeur financière lui enlève une certaine valeur personnelle. À mes yeux, la logique est simple : plus on a travaillé fort pour obtenir quelque chose, que ce soit une télé ou un diplôme, plus on l’apprécie. Ce n’est même pas une question d’argent, c’est une question de volonté et de fierté. Après The Price is Right, pourquoi pas The Pride is Right ?
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