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[GRANDES RÉSERVES ANIMALIÈRES] La Mongolie : une immensité brute et constractée

4 avril 2013| Joëlle Achard, Voyages Lambert

[GRANDES RÉSERVES ANIMALIÈRES] La Mongolie : une immensité brute et constractée

Sixième et dernier volet d’une série d’articles consacrés aux grandes réserves animalières, proposés par Voyages Lambert.

Aux confins de l’Asie centrale , il est un pays d’extrêmes et de contrastes , où les steppes herbeuses qui tutoient l’horizon succèdent aux forêts denses dans lesquelles seul le vent se hasarde, pour se perdre

dans les dunes du terrible désert de Gobi.

Et pourtant, là, dans cette jeune République où l’humain est si

rare et les cieux si bleus, tout n’est que vie, une vie aux racines

fort anciennes, dont la capacité d’adaptation lui a permis de

survivre à une hostilité environnante omniprésente.

Cela commence par une géographie unique. La Mongolie est un

vaste plateau montagneux à l’ouest, s’inclinant vers le sud-est.

Au climat continental, où l’extrême froidure des longs hivers

maintient plus de la moitié du pays dans le pergélisol, s’ajoutent

des étés chauds et un temps avaricieux de précipitations, puisque

l’endroit est régi par un système quasi permanent de hautes

pressions.

Cela se poursuit par la présence de cinq écosystèmes asiatiques :

dans les montagnes se retrouvent le type alpin et la taïga,

auxquels s’ajoute la steppe boisée à mesure que l’altitude

diminue. Puis arrivent les steppes centrales fertiles, propices

à l’élevage et aux cultures, tandis que les steppes herbeuses

annoncent la rudesse du désert.

Le tout à une échelle démesurée : pas moins que des pas de géant

pour rallier les chutes d’Orkhon à la « vallée (fossile) des dragons »

ou encore, les falaises enflammées de Bayangzan aux steppes de

Kongo Khaan.

De ces milieux plutôt défavorables émergent une flore et une

faune particulières, rares, endémiques ou menacées. Il y a l’odeur

enivrante de la grande absinthe, les fleurs sophistiquées de

l’edelweiss et de l’ancolie, et le feuillage persistant du saxaoul,

l’arbuste du désert.

Les animaux ne sont pas en reste. Des plus connus (le petit

cheval de Przewalski et le chameau de Bactriane, tous deux à

l’état sauvage, tous deux en grand danger) aux plus secrets (le

« fantôme de la montagne » ou léopard des neiges et le petit

hérisson du désert aux grandes oreilles), sans oublier les plus

communs (le « mazaalai », l’ours du Gobi et les prédateurs ailés),

ils sont les maîtres des lieux, parfaitement acclimatés.

Et l’homme, dans tout cela. Présent, bien sûr, mais si peu, avec

une moyenne de deux habitants par kilomètre carré pour autant

de chevaux !

En raison des minorités kazakhs, l’homme est devenu le « fils

de l’aigle », fier chasseur et dresseur de rapaces, tandis que les

Bouriates sibériens l’ont initié au chamanisme.

De ses origines mongoles prédominantes, il a conservé le goût de

la liberté et un mode de vie pastoral. Malgré les terres grasses de

la Mongolie centrale, la taille des troupeaux le pousse encore à

perpétuer la transhumance et la tradition nomade. Alors, quand

le « Dzud » impose au cheptel un jeûne dévastateur souvent

mortel, ce descendant de Gengis Khan n’a guère d’autre choix que

d’abandonner la steppe et la yourte traditionnelle, garante des

coutumes ancestrales, pour rejoindre les centres urbains.

Mais avant tout, au coeur même de sa vie de nomade, chaque

homme de Mongolie partage sa vie avec son cheval, ayant

appris à monter en même temps qu’à marcher. Petit et trapu,

travaillant et robuste, vif et cabochard, l’un est à l’image de

l’autre, indispensable l’un à l’autre. Il faut les voir faire corps pour

regrouper les « troupeaux à cinq têtes » et travailler de concert

pour transporter la yourte familiale.

Et quand l’homme célèbre l‘animal, lors de la fête nationale du

Naadam, il y a ces scènes d’enfants chevauchant dans le vent :

traversant cette immensité brute et contrastée, des galops

vertigineux aux parfums de liberté !

PHOTOS : JEAN-MARC LECHAT ET ABEL RODRIGUE

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